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Parole d’innovateurs, épisode 3

Comment le Groupe Maisons de Famille fait émerger l’innovation grâce à ses collaborateurs

Le Groupe Maisons de Famille, acteur majeur du soin et du service aux personnes âgées avec près de 170 maisons en Europe, a récemment lancé une initiative d’innovation interne ambitieuse : la campagne « J’ai une idée ». Ce programme vise à mobiliser ses collaborateurs autour d’une démarche collaborative, tout en plaçant leur expertise et leur expérience au cœur du processus d’innovation. Après une première phase pilote en France, les résultats sont prometteurs, avec des retombées concrètes et des enseignements riches pour l’avenir.

Caroline Renou d’Agorize a eu le plaisir d’échanger avec Rodolphe Charme di Carlo, Director of Strategy, Development & Innovation, qui nous partage un premier retour.

Quels étaient les objectifs principaux de la campagne « J’ai une idée »

Rodolphe Charme di Carlo : Notre ambition était double.

Premièrement, nous voulions identifier des solutions innovantes répondant aux besoins concrets de nos collaborateurs, des résidents et de leurs familles. La qualité est au cœur de notre ADN. Dans ce métier de relation humaine, qui mieux que nos équipes sur le terrain pour identifier les priorités ? L’innovation, pour nous, n’est jamais statique. Elle incarne le principe d’amélioration continue: devenir meilleurs chaque jour pour maintenir notre proposition de valeur centrée sur la qualité pour nos résidents et leurs familles, ainsi que pour nos collaborateurs dans un souci permanent de symétrie des attentions. Cela signifie rester à l’écoute des besoins, y répondre rapidement et anticiper les attentes.

Deuxièmement, il s’agissait de renforcer l’engagement des collaborateurs en leur donnant la parole et en les impliquant activement dans l’amélioration de leur environnement de travail, devenant pleinement acteurs d’un changement « pour eux et par eux »

« Cette campagne reflète une conviction forte : l’innovation naît du terrain. Nos collaborateurs, au plus près des réalités du métier, sont les mieux placés pour repérer les pistes d’amélioration. »

Quels ont été les premiers résultats de la campagne ?

Rodolphe Charme di Carlo : Nous avons été très satisfaits des retombées de cette première édition. Une soixantaine d’idées ont été soumises dans cette phase pilote en France. Globalement, beaucoup d’idées soumises visaient à améliorer l’efficacité sur les tâches administratives, permettant aux soignants de se concentrer davantage sur leurs missions premières : le geste de soin et l’accompagnement humain. Ce sont ces missions qui les animent et font qu’ils aient choisi ce métier ; il est donc primordial de tout mettre en œuvre pour qu’ils puissent se focaliser là-dessus afin de s’épanouir.

« Parmi elles, cinq idées ont été sélectionnées pour être mises en œuvre. Chaque idée représente une réponse pertinente à des enjeux bien identifiés. »

Une idée qui me tient particulièrement à cœur est celle du jumelage entre maisons de différents pays. Ce projet, simple à mettre en œuvre, favorise la création de liens, non seulement entre collaborateurs, mais aussi entre résidents. Les possibilités sont nombreuses : organisation d’appels vidéo entre résidents, échanges d’idées entre équipes, activités communes de divertissement, ou encore voyages d’études – par exemple pour les infirmiers coordinateurs – afin de se familiariser avec les bonnes pratiques dans d’autres pays.

Un autre projet marquant est l’idée d’un exosquelette pour améliorer les conditions de travail des collaborateurs. Ces équipements, conçus pour réduire les troubles musculo-squelettiques, sont particulièrement adaptés aux gestes répétitifs et physiques du métier. Un budget va être débloqué pour tester ce projet. Nous évaluerons son impact sur la santé des équipes et le retour sur investissement avant une mise en œuvre plus large.

Comment avez-vous mobilisé vos équipes pour garantir le succès de l’initiative ?

Rodolphe Charme di Carlo : La clé a été de combiner proximité humaine et simplicité. Nous avons co-construit le programme avec les collaborateurs, en testant chaque étape auprès de futurs utilisateurs pour nous assurer qu’elle était accessible et engageante avant de lancer l’initiative.

Nous avons aussi misé sur des relais internes : des collaborateurs volontaires qui, au sein de chaque maison, ont joué un rôle d’ambassadeur. Ces relais ont dynamisé la participation en sensibilisant leurs collègues. Enfin, nous avons insisté sur le fait que toutes les propositions, même les plus modestes, pouvaient avoir un impact positif.

Quels enseignements tirez-vous de cette expérience ?

Rodolphe Charme di Carlo : Nous avons confirmé cette évidence qu’il est essentiel de valoriser nos équipes et de leur faire confiance ; et appris qu’il est au moins aussi important de libérer leur parole en créant et structurant un espace pour cela.

Beaucoup d’idées novatrices restent inexploitées parce que les collaborateurs s’auto-censurent, pensant à tort que leurs propositions ne sont pas « à la hauteur ». Créer un espace bienveillant où chacun peut s’exprimer librement est crucial.

Un autre enseignement clé est l’importance de l’engagement managérial. Les idées émergées doivent trouver un écho et des moyens pour être concrétisées. Les collaborateurs ont fait leur part en partageant leurs idées. C’est maintenant à l’équipe de direction de répondre présent, en finançant les projets et en s’assurant de leur mise en œuvre.

Un dernier mot pour conclure ?

Rodolphe Charme di Carlo : Cette campagne marque une étape importante vers une culture d’innovation partagée, où chacun peut être acteur du changement. Nous sommes impatients de voir ces premières idées se concrétiser et de déployer cette initiative dans d’autres pays où le groupe est présent, à commencer par l’Espagne dès le mois de janvier 2025.

Nous comptons aussi sur nos maisons pour reprendre certaines idées, qui étaient excellentes bien que non plébiscitées par l’ensemble des votants, au sein de leur établissement. En tablant sur un Proof of Concept réussi pour ensuite essaimer dans d’autres maisons.

Notre structure repose sur un modèle où chaque maison est extrêmement autonome. Nous croyons fermement que les meilleures décisions se prennent au plus proche du terrain, un principe cher à l’AFM. Cela nous permet d’être agiles, ce qui a eu et aura son importance dans des contextes complexes comme celui du Covid.

« Comme nous aimons le dire, l’innovation est toujours meilleure lorsqu’elle vient du terrain ».


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